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Dessin de
Michel Pagès
Le vider !!! Hips... in vino veritas !
Pour le savoir, une seule solution !
Ce verre est-il à moitié vide,
ou à moitié plein ... ?
Les commentaires négatifs
peuvent aussi être
bénéfiques
En matière de community management, les débats contradictoires
et de façon générale, tout sentiment émotionnel - positif comme
négatif - tend à favoriser les échanges, et renforce l’activité d’un
forum.
Camille Alloing, consultant en e-réputation :
“ Une opinion consensuelle n’éveille pas le même intérêt pour les
internautes, dont l’attention est attirée par les avis contraires aux
leurs.[…]à condition que les avis soient argumentés,bien sûr.Mais
si c’est le cas, il s’agit là d’un vrai savoir pour les entreprises. […] Il
faut aller au-delà du simple aspect positif/négatif. D’autant qu’il
s’agit de notions subjectives. […] Les marques doivent surtout ap-
prendre à rebondir, ne jamais chercher à étouffer les avis contra-
dictoires, mais engager un dialogue, tout en amenant chacun
à respecter les règles de modération.  ”
Cadre de l’étude : plates-formes de discussion en ligne de la
chaîne britannique BBC, étude menée par une équipe de cher-
cheurs des universités de Varsovie et de Wolverhampton
www.atelier.net
Une société artifciellement positive et heu-
reuse ?
C’est le thème abordé dans le flm
“ Paradis pour tous ” de Alain Jessua (1982)
avec Patrick Dewaere (son dernier flm).
La science a inventé un traitement pour
combattre les états dépressifs et rendre les
gens parfaitement heureux. Irrémédiable-
ment heureux et positifs… Glaçant.
à voir ou à revoir.
Marc Jarrossay
Paradis
pour tous
Matthieu 13:24-30 24
Jésus leur proposa une parabole : Il en va du
Royaume des cieux comme d’un homme qui a
semé du bon grain dans son champ. Pendant
que les gens dormaient, son ennemi est venu ;
par-dessus, il a semé de l’ivraie en plein milieu
du blé et il s’en est allé. Quand l’herbe eut
poussé et produit l’épi, alors apparut aussi
l’ivraie. Les serviteurs du maître de maison
vinrent lui dire : “ Seigneur, n’est-ce pas
du bon grain que tu as semé dans ton
champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve
de l’ivraie ? ” Il leur dit :“ C’est un ennemi
qui a fait cela. ” Les serviteurs lui disent :
“ Alors, veux-tu que nous allions la ra-
masser ? ” - Non, dit-il, de peur qu’en
ramassant l’ivraie vous ne déraci-
niez le blé avec elle. Laissez l’un et
l’autre croître ensemble jusqu’à la
moisson, et au temps de la mois-
son je dirai aux moissonneurs :
“ Ramassez d’abord l’ivraie et
liez-la en bottes pour la brûler ;
quant au blé, recueillez-le dans
mon grenier. ”
Traduction TOB
Le bon grain et l’ivraie
Que bon et mauvais soient
inséparable-
ment mêlés, que l’humain ne puisse y porter
lamain sans dommages irrémédiables, le lecteur de la
Bible n’a pas attendu les paraboles évangéliques pour
se l’entendre raconter. Il le sait depuis longtemps,depuis
qu’à la seconde page du livre, au second acte du
grand récit mythique de création (Genèse chapitres 2
et 3), Dieu, plaçant l’humain dans un jardin, lui a signalé
la présence d’un arbre singulier : l’arbre de la connais-
sance du bon et du mauvais, du bien et du mal. Et le lui
signalant, il lui a aussi signifé un interdit : celui d’y porter la
main sous peine de mort. Interdit vécu comme une spolia-
tion incompréhensible par l’humain pris dans les rets d’une
de ces paroles mensongères qui s’insinuent aussi insidieuse-
ment que glisse un serpent.
C’est ce thème fondamental qu’avec d’autres images, Jésus
reprend dans la parabole évangélique. Mais, si le récit de la
Genèse peut garder un air d’échec d’autant plus cuisant que
l’interdit reste non motivé, la parabole vient en livrer une clef d’intel-
ligence. C’est parce que le bon fruit est infniment précieux et parce
que les “ mains ” de nos jugements sont trop souvent grossières qu’il
vaut mieux ne pas se mettre en tête de maîtriser défnitivement bon
et mauvais. La parabole propose à l’humain, pris dans les complexités
et les énigmes de l’histoire, le chemin d’une grande sagesse, l’épreuve
d’une longue patience, la folie d’une haute confance, pour que rien de
ce qui est bon ne risque d’être perdu.
Béatrice Oiry
Béatrice Oiry
est exégète. Spécialiste des approches littéraires de la Bible, elle enseigne l'hébreu et l'Ancien Testament à la
faculté de Théologie de l'Université Catholique de l'Ouest à Angers. Elle prépare actuellement une thèse sur la question du
temps dans l'historiographie biblique.
Si elle avait dû faire un autre métier, elle aurait choisi d’être poète.
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