Page 12 - slow_2

This is a SEO version of slow_2. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »
Charles Martin-Krumm
a enseigné l’éducation Physique et Sportive pendant 18 ans. Il est maître de Conférences
depuis 2004. Il a publié dernièrement avec Cyril Tarquinio Traité de psychologie positive aux éditions de boeck.
Sa plus grande ferté, sans aucune hésitation, est de voir comment ses deux enfants, basculent petit à petit dans le
monde des adultes.
“ Commence par dire ce que tu veux
avant de dire ce que tu ne veux pas. ”
Tel pourrait être
le credo de Charles Martin-Krumm, ancien athlète de haut niveau
et enseignant-chercheur spécialisé dans la psychologie positive.
Derrière chacun de ses mots, se dessine la conviction d’un homme
passionné, persuadé que chacun a à gagner à adopter
une posture positive. Dans ce domaine, l’éducation
apparaît comme le plus vaste des champs d’expérience.
Propos recueillis par
Aurélie Jeannin
Je rêve d’un programme
d’éducation positive
au restaurant “ La Fabrique ” 7 rue de Brissac - 49000 ANGERS
u’est-ce que la psychologie positive ?
La psychologie positive, c’est l’étude de tout
ce qui va permettre aux personnes d’aller
encore mieux. C’est un terme intégrateur qui
permet à différents champs de s’articuler.
Dans la psychologie positive, on retrouve de
la psychologie cognitive, des neurosciences,
de la psychologie clinique. Le fl conducteur,
c’est l’épanouissement de la personne.
Comment en êtes-vous venu à devenir
spécialiste de ce domaine ?
C’est une trajectoire personnelle dont je pas-
serai les détails. Dans tous les cas, le sport de
haut niveau tel que je l’ai pratiqué, a joué un
rôle important. C’est un milieu qui s’appuie
beaucoup sur ce qui fait mal. On fnit par en
oublier ce qui va bien et ça n’est pas tou-
jours facile de rebondir. J’ai pratiqué l’aviron
puis la boxe. En aviron, j’ai mené une carrière
sportive avec des hauts et des bas, quelques
podiums en Championnat de France, une
participation aux Championnats du Monde
Junior et aux Championnats d’Europe, une
présélection olympique. J’en garde un bon
souvenir mais le revers de la médaille existe.
Si je n’avais pas été capable de prendre du
recul et de relativiser les choses, j’aurais pu
terminer ma carrière avec beaucoup d’amer-
tume parce que j’aurais pu faire beaucoup
mieux avec un contexte plus favorable, sans
les blessures, etc. Le sport m’a permis d’ap-
prendre des choses sur moi mais aussi sur les
autres. Il y a des personnes qui ont tendance
à être attirées vers le fond quand ça ne va
pas et sont incapables de se remettre dans
un circuit de réussite alors qu’au contraire
d’autres rebondissent de manière vraiment
spectaculaire. C’est l’observation de ces va-
riables de personnalité qui a organisé mes
travaux. En sachant que mon prisme person-
nel, c’est celui de l’optimisme !
Vous parlez de“ variable de personnalité ” ;
serait-on plus ou moins optimiste, de
nature ? Est-ce que cela se travaille ?
D’une manière générale, pour chacune des
variables, il y a des choses que l’on peut modifer.
On peut travailler ses émotions négatives.
Nous sommes tous façonnés par notre édu-
cation et notre environnement qui vont faire,
petit à petit, que l’on sera plus ou moins
optimiste ou pessimiste. Mais il
existe des stratégies éprouvées
qui permettent de travailler là-
dessus. Et puis, on peut très bien
être optimiste et pessimiste à la
fois ! Prenez mon cas : dans le
sport, de manière générale, je
suis plutôt bon. Mais en gym,
je suis absolument nul ! Que
je m’entraîne ou pas, ça ne
change rien. Je ne suis pas pes-
simiste, je suis réaliste par rap-
port à mon potentiel. Si j’étais
super optimiste, je me mettrais
dans des situations dange-
reuses. Je me persuaderais que
je suis doué, je foncerais tête
baissée et je me blesserais. L’op-
timisme n’a pas toutes les vertus
du monde ; il peut être associé
à des conduites à risques. Dans
une entreprise, certes il faut
quelqu’un pour booster l’équipe
mais il faut aussi quelqu’un qui
soit capable de gérer le risque
de manière à ne pas mettre tout
le monde en danger.
Dans un groupe, on ne gère
pas de la même façon
les personnalités positives
et négatives ?
L’essentiel est de savoir décoder les person-
nalités. Je pense au pessimiste défensif qui
peut être un vrai gouffre dans une équipe.
Le pessimisme défensif, c’est une stratégie
que l’on adopte quand on manque de
confance. La personne, de peur de l’échec,
se met dans un état mental négatif avant
même de savoir si elle va réussir ou pas.
Cette méthode l’incite à travailler encore
plus. C’est sa stratégie motivationnelle pour
avoir des bonnes performances car elle
conduit effectivement à des résultats plutôt
positifs. Il en existe d’autres comme celle de
la baisse volontaire de l’effort. C’est le cas
d’une personne qui, si elle n’est pas sûre
d’y arriver, préfère ne pas faire du tout et
déclarer après “ Si j’avais voulu, j’aurais pu. ”
C’est un comportement très effcace pour
préserver l’estime de soi ! Face à de telles
personnes, il est très important d’analyser le
chemin parcouru en objectivant les résultats.
Il faut féliciter avec de vrais arguments !
»
Q
23
22
interview
Charles martin-krumM