La gratuité - Caminno Slow Janvier 2015 - page 8-9

Par
Thomas Beaucourt
Ex-ingénieur, ex-chef d’entreprise
À un âge où le commerce triomphe, l’approche la plus fréquente
de la gratuité est souvent celle du consommateur : un produit
est proposé comme « gratuit » par un vendeur ; cela signifie que
le bénéficiaire peut l’obtenir soit sans verser d’argent, soit en
versant de l’argent de manière camouflée, par vente liée.
De la révolution
numérique
à la conversion
spirituelle
n voit que dans ces cas de figure
l’objet ou le service est libellé
« gratuit » afin que celui qui
le propose en retire un avan-
tage marchand. Si le produit
est gratuit au sens commercial,
l’acte, lui, ne l’est pas, au sens
commun. Cet usage du terme
s’oppose à celui qui sert à qualifier un acte
désintéressé. De manière assez cohérente,
notons qu’on parle autant d’aide gratuite que
de méchanceté gratuite. La notion de désin-
téressement est intéressante à plus d’un titre,
quoique difficile à comprendre pour certains
de nos contemporains, qui malheureusement
n’agissent jamais sans intérêt direct ou indi-
rect. Pour la définir de manière succincte, on
pourrait dire qu’un acte est désintéressé si
celui qui le réalise n’en attend aucun béné-
fice, ni immédiat, ni différé, ni consciemment,
ni inconsciemment. Parfois, l’acteur désinté-
ressé a même conscience que ses actions lui
seront personnellement préjudiciables.
On conçoit aisément que l’on ne parle pas de
la même gratuité. Le domaine du commerce et
de l’industrie pouvait sembler, il y a quelques
décennies encore, à jamais incompatible avec
la notion de gratuité. C’est un peu par surprise
que la révolution numérique a chamboulé cet
a priori
, en introduisant dans les marchés des
produits et services au coût de production
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