La gratuité - Caminno Slow Janvier 2015 - page 18-19

lus que nul autre, il eut le goût de
montrer, de présenter, de témoigner pour
partager ses impressions que lui inspi-
raient les splendeurs terrestres. Dans sa
quête du monde, du beau, du grand, dans
sa recherche de l’autre homme, cet huma-
niste, volontiers contemplatif et poète,
n’hésita pas à sublimer les paysages
traversés (Afrique noire, Égypte, Inde, Mada-
gascar, Antilles, Ceylan et Indochine) et à
magnifier ses habitants.
Dans l’Indochine où il vécut plus de dix ans,
le Cambodge tient une place à part. André
Maire est l’un des artistes clés du musée Pasi-
fika (situé à Bali et fondé par Philippe Augier)
qui en possède la plus importante collection
avec une cinquantaine d’œuvres ; certaines
parmi les plus emblématiques portent sur
l’Inde, Ceylan, le Laos, le Cambodge, bien
sûr, et le Viêtnam. Parmi ces pièces qui
presque toutes, proviennent de la famille de
l’artiste,
La Cambodgienne à l’éventail
est
non seulement une composition esthétique-
ment et techniquement magistrale mais elle
rappelle aussi la célèbre
Tahitienne à l’éven-
tail
de Paul Gauguin.
Cette relation n’est guère surprenante quand
on sait que le maître et mentor d’André Maire
n’était autre qu’Émile Bernard ; membre
éminent de l’École de Pont-Aven qui fut, par
ailleurs, pendant un temps le confident de
Gauguin et de Van Gogh.
La Cambodgienne
à l’éventail
Peintre voyageur français, André Maire (1898-1984), que l’on
qualifierait aujourd’hui de peintre reporter, a été le témoin de
son siècle.
La Cambodgienne à l’éventail
, André Maire, 1952, huile sur isorel 92 x 65 cm.
Cette œuvre d’André Maire figure en bonne
place dans la collection du musée dont le
thème est l’Asie-Pacifique pour son impor-
tance au sein du département « Indochine »,
mais aussi pour sa référence à Gauguin et à
la Polynésie.
La Cambodgienne à l’éventail
,
avec son type polynésien, renvoie à la tradi-
tionnelle nudité balinaise.
Un des points importants du musée est son
projet éducatif ; faire découvrir le lien, les
connexions entre les peuples d’Asie et la partie
océanique du Pacifique. Depuis 2006, date
d’ouverture du musée, plus de 20 000 écoliers
et étudiants ont été invités à visiter les collec-
tions du musée afin qu’ils puissent ouvrir
leurs horizons sur d’autres parties du monde,
géographiquement éloignées mais proches
d’un point de vue artistique.
Enfin, et au-delà de cette œuvre et du plaisir
de l’exposer, la création du musée Pasifika
repose sur l’envie d’exprimer envers un pays,
l’Indonésie, une reconnaissance pour l’accueil
et l’hospitalité reçue pendant de nombreuses
années ; La réalisation d’un centre culturel,
touristique et éducatif de classe interna-
tionale n’a pas d’objectif économique, et
implique même des sacrifices financiers ; mais
elle procure la satisfaction d’apporter une
contribution positive à une communauté et
de partager des émotions par la découverte
et la contemplation d’œuvres d’art. Cela n’a
pas de prix
Par
Philippe Augier
Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Djakarta
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Art
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