Quelles sont les motivations des
professionnels bénévoles ?
Nous vivons une période où les personnes
sont moins militantes, où les grandes utopies
ne font plus recette. Il y a une certaine fata-
lité. Mais les personnes veulent rendre les
choses plus vivables autour d’elles, faire des
choses justes pour des causes justes. Elles
ont le désir de se sentir utiles pour la société.
Cela peut être une compensation au manque
d’utilité qu’elles ressentent dans leur envi-
ronnement professionnel et au manque de
sens qu’elles ressentent dans leur activité. En
creux cela veut dire : « Si je me sens utile et si
ce que l’entreprise fait, a du sens, alors vous
pouvez me demander beaucoup et je n’aurai
pas l’impression de travailler. »
Patrick Bertrand me reçoit à La Ruche à Paris, près du canal
Saint-Martin. La Ruche regroupe des entrepreneurs sociaux, dans
un espace style loft, avec de multiples recoins. Patrick a fondé
Passerelles & Compétences. Son organisation met en relation
des professionnels bénévoles et des associations qui ont besoin
d’expertise. Je ne sais pas ce que cette rencontre va produire,
mon instinct me dit que nous allons vivre quelque chose.
L’entrepreneuriat social,
source d’inspiration
pour l’entreprise
Propos recueillis par
François de Monftort
Cela veut dire qu’ils travaillent juste
pour la rémunération?
La rémunération est un des aspects de la
reconnaissance. Mais on peut imaginer que
si l’entreprise a un sens évident et que la
personne a atteint une sécurité financière, elle
pourrait travailler juste pour le plaisir.
Qu’est-ce que change le bénévolat
dans la manière de travailler ?
Le bénévolat permet d’envisager la relation en
dehors de toute relation financière et contrac-
tuelle. J’ai découvert que beaucoup font plus
gratuitement que lorsqu’ils sont bien payés.
Dans une relation contractuelle, je respecte
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interview
patrick bertrand